Consommer, sans sommation

Deux dames commentent l’image au format géant. Elles croient être en face d’une reproduction d’une peinture abstraite et ne comprennent pas trop le rapport avec le thème de l’exposition du dernier Prix Pictet, cinquième du genre, logé au Beirut Exhibition Center jusqu’au 12 juillet. Après avoir été invitées à regarder de plus près cette photographie aérienne de Mishka Henner, elles découvrent une autre facette de la consommation : ce sont des champs pétroliers situés en Amérique du Nord (ici, au milieu d’un désert, avec la fumée qui s’échappe d’une torchère et un lac de pétrole liquide). Henner a intitulé sa série Beef & Oil. Il se penche – depuis le ciel – sur la transformation des territoires par l’ultra-consommation contemporaine, ou comment la production de masse agro-industrielle et l’exploitation à large échelle des ressources enfouies dans le sous-sol provoquent des modifications étonnantes – et terrifiantes – du paysage et engendrent des atteintes irréversibles à l’environnement.


Si les images de Mishka Henner (GB) frappent par leurs dimensions et leurs détails, les dix autres artistes photographes de la sélection finale du prix proposent autant de points de vue étonnants et variés. On y trouve les travaux d’Adam Bartos (USA), Motoyuki Daifu (Japon), Hong Hao (Chine), Rineke Dijkstra (Pays-Bas), Juan Fernando Herran (Colombie), Boris Mikhailov (Ukraine), Abraham Oghobase (Nigeria), Michael Schmidt (Allemagne), Allan Sekula (USA) et Laurie Simmons (USA). Des images à voir et à méditer, qui nous mettent face à l'absurdité de la consommation, cette forme d'être au monde qui dépasse les clivages religieux et politiques. 

Article publié dans l'Orient Littéraire du jeudi 2 juillet 2015








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