Du kebab à Kobané, le djihad pour ceux qui s'emmerdent

Janvier 2014, une nouvelle année qui commence. On est là, on se fait chier à glander. Pas de boulot, pas de kleenex pour la branlette, va falloir lâcher le smartphone et se lever pour aller se laver les mains à la cuisine parce que la mère est en train de prier dans la salle de bain. Des fois, on se dit que le père aurait mieux fait de rester au bled plutôt que de venir serrer les boulons chez Renault. On se les gèlerait moins et on aurait pas besoin de foutre des claques aux frangines quand elles veulent nous virer du canapé-télé pour voir cette pute de Nabila qui fanfaronne les nichons à l’air. Va me chercher un kebab, connasse, au lieu de faire ta fausse-blonde défrisée ! Et v’là le père qui pleurniche sur son sort dans son coin, à gémir sur l’ingratitude de ses six moutards. Il aurait mieux fait de se branler, comme moi, au lieu de se vider les couilles dans la mère. Faut dire qu’il s’est bien fait avoir : Renault qui le recrute pas cher, histoire de faire baisser la masse salariale et de ne pas avoir les syndicats français sur le dos, un appartement pourri dans le 93, entouré de rebeux et de rennois dans la dèche ou aux allocs, et un passeport français qui sert à rien, si ce n’est pour se vanter auprès des moulouds fraîchement débarqués et pour avoir la sécu.

Vraiment, on se fait chier. Les games sur smartphone, les sites de culs, on les a tous fait. Les 10 textos débiles à la minute, on a donné. Les chats du quartier à balancer contre les murs, y en a plus. Les lyrics de Jean Gab’, on les connait par cœur. Y a pas à dire, on se fait chier. Heureusement, y a le djihad.

C’est bon, ça, le djihad. Un  peu plus concret que ces foutries sur consoles. T’a beau avoir une copie gratis, le massacre de rombiers et de rombières à la BattleField 4 ou Medal of Honor sous X-box, ça vaut pas la real life. Qu’est-ce qu’il y a de mieux à faire aujourd’hui ? Tu prends ton contact sur FB, tu prends ton billet sur EasyJet.com, tu te prend une piaule avec les potes à Antakya et, Inch Allah, quelques jours plus tard, te voilà en territoire libre de mécréants, nourri, logé, blanchi, une kalach en main, prêt au combat. L’aventure, quoi !

C’est pas Hollande, le Colargolio de service, qui a quelque chose de mieux à nous proposer. Et puis je lui chie sur la tronche, je lui défonce le cul à ce sale bobo-socialo de mes couilles qui se tape de la MILF sur son scooter. Il a beau se dire à gauche, ça ne l’empêche pas d’être un impérialiste au côté des ricains. Suce-nouille, va ! De toute façon, les Français, ils ne nous ont jamais aimé. Ils nous ont colonisé. Ils nous ont exploité. Ils ont pompé notre pétrole. Ils ont exploité nos ressources à bas prix. Ils nous ont foutu un uniforme pour tenir les lignes contre les Boches. Ils nous ont fait venir en France pour creuser, boulonner, bétonner et nettoyer leur merde. Ils ont soutenu les dictateurs au bled. Ils nous ont foutu dans des cités « radieuses ». Radieuse mon cul, ouais ! Et encore, on a eu plus de chance que les bananias qui sont passé d’abord par la case esclaves au service de l’empire sucrier et chocolatier français. Qu’ils se disent de droite ou de gauche, croyants ou athées, pour les droits de l’homme, de la femme, des minorités, des LGBT et la liberté d’expression, pour la paix dans le monde, pour une économie durable et pour la protection des petits enfants rom sourds-muets unijambistes, touche pas à mes couilles mon pote ! Nous, on est arabe et musulmans, et les Français, ils ne nous aiment pas. Mais comment tu peux aimer celui que tu as colonisé, tabassé et exploité ? Crève ta race !

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Janvier 2015, une nouvelle année qui commence. Qui m’aurait dit, il y a un an, que j’allais autant me marrer à 20 ans ? Y a pas à dire, on est mieux en Syrie qu’au bled ou dans le 93. Les Saouds, ils font pas chier pour les subventions ; faut juste leur mettre une fois par semaine un truc sur YouTube : une belle attaque, un portrait de Bachar qui brûle, deux-trois mécréants pendus ou tiré par une bagnole, des otages en train de pisser dans leur frocs quand on les rosse ou une décapitation bien sanguinolente avec fond musical halal, et le tour est joué.

Bien sûr, on en bave un peu. Tout n’est pas si facile, la vie ne tient qu’à un fil. Mais qu’est-ce qu’on se marre. La plupart des rombiers de ma section parlent français. Faut dire qu’il faut bien ça si on veut comprendre les ordres un minimum ou en donner. Parce qu’au début, pour la formation aux armes, je me suis retrouvé avec des frérots Maghrébins du bled teigneux et analphabètes, deux Tchétchènes rigolars, quelques Yéménites qui fréquentent le savon comme moi la synagogue et un Malaisien qui ne disait rien d’autre qu’Allah ou Akbar. C’était le bordel. Bon, ici, chez les Arabes, c’est toujours le bordel. Mais quand en plus tu n’y piges que dalle, c’est bordel 100%. Maintenant, j’ai ma kalach, mon smartphone, la bouffe en abondance, le médecin gratos (avec un flingue sur la tête des ses gosses, c’est toujours gratos ;-)), en plus de ce qu’on gratte à gauche et à droite quand on dézingue un mécréant qui ne respecte pas la charia, un ennemi de l’islam ou un traitre d’al-Nora. Parfois, en bonus, le chef nous laisse piner une petite salope, chrétienne, chiite, kurde, yezidi ou alaouite qui traine dans les ruines fumantes. Pas besoin d’aller au martyre pour se taper une vierge, c’est ici et maintenant ! Y’en a une, une mignonne aux yeux bleu comme on en croise parfois, j’étais prêt à l’épouser si elle se convertissait. Elle a pas voulu, la conne, elle a eu sa rafale dans le con et un abonnement d’un siècle pour aller suer en enfer.

Ici, la guerre c’est évidement pas les combats tous les jours. Selon un vieux de la vieille, un Libanais de Tripoli qui nous entraîne, on est pas encore sorti de l’auberge en Syrie. Le mec, il traînait déjà dans la Jamaa Islamiya en 1980 quand ils étaient encore potes avec Arafat, avant de passer par l’Afghanistan, la Bosnie, la Tchétchénie et le Soudan. Tu parles s’il a du métier. Un dur qui s’y connaît. Ils nous a dit que ça devrait se passer comme au Liban où ils sont en guerre depuis 1975 : des moments de combats où il faut chercher à gagner du terrain, se défendre ou mettre la pression pour négocier en position de force, et des moments plus paisibles où on fait des affaires et où on extorque la populace et les bourgeois de la zone que l’on contrôle. Maintenant, l’Etat, c’est nous, mais avec nos règles et nos châtiments. Et ceux à qui ça ne plaît pas, c’est une balle dans la tête.


L’année dernière, après être arrivé en terre d’islam libérée et deux semaines d’entraînement, j’ai fait mes premières armes à Ayn al-Islam, que les kafirs appellent Kobané. C’était vraiment génial et si ces enculés d’Occidentaux n’étaient pas venu en renfort, on aurait zigouillé tous ces trotskos de Kurdes qui foutent des nanas en première ligne. Encore heureux que Recep Tayyip Erdoğan soit de notre côté, quand on sait que l’Internationale socialiste, toute la presse et les bikers hollandais soutiennent les Kurdes. On leur pisse à la raie à ces connards, parce que de Kuala Lumpur à Rabat en passant par Amsterdam et Ouagadougou, la Oumma est avec nous. Je te le dis mec, le djihad, c’est de la balle ! Lâche ton kebab et rejoins-nous !

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