Les nouvelles amazones

De jeunes recrues partent à l'entrainement dans les montagnes, quelque part au nord de l'Irak. © Colin Delfosse
Si la guerre en Syrie occupe passablement nos esprits, et pour cause, il n'en reste pas moins que nous sommes toujours tributaires de l'agenda des communicants. Ainsi en a-t-il été de la médiatisation, pendant quelques jours, des miliciennes kurdes qui participent aux combats à Cheikh Maqsoud au nord d'Alep. Certes, on ne peut que se réjouir de voir une femme, la commandante Engizek, à la tête d'une brigade mixte (hommes et femmes) des Comités de protection du peuple kurde (YPG), affirmer ne pas vouloir collaborer avec les salafistes du Front al-Nosra, peu enclin à reconnaître d'autres droits aux femmes que d'enfanter en silence. On se rappellera toutefois que l'YPG, bras armé du Parti de l'union démocratique, est une branche syrienne du Parti de travailleurs du Kurdistan formé en 1978 par Abdullah Öcalan, qui sera l'hôte à Damas de Hafez el-Assad jusqu'en 1998 et qui avait, comme d'autres groupuscules armés, son camp d'entrainement dans la Bekaa (voir aussi les photos de Nikos Economopoulos / Magnum à ce sujet). C'est d'ailleurs de ce camp que Sakine Cansiz, proche de Öcalan, se rend en Europe, avant d'être abattue en janvier 2013 dans une rue de Paris avec deux autres militantes. Ailleurs, dans les montagnes du nord de l'Irak, d'autres jeunes partisanes kurdes du PKK se préparent aujourd'hui à la relève. Le photographe Colin Delfosse du collectif OUT OF FOCUS a suivi leur entrainement. Comme ce fut souvent le cas des milices dites "progressistes" ou nationalistes au Proche-Orient, cette mise en avant médiatique nous dit aussi que le combat d'un peuple ne peut pas être que celui des mâles. Et que le combat pour la liberté ne peut être juste que s'il est aussi celui de la liberté des femmes.

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