Les premières photographies arabes

Portrait anonyme réalisé par Georges Tabet, Beyrouth, tirage sur carton, 16.3 × 10.5 cm. Collection de Stephen Sheehi


La naissance de la photographie a coïncidé avec l’expansion de l’impérialisme et du colonialisme occidental au Moyen-Orient. Un grand nombre des photographies de l’époque prises par des Européens dans la région – surtout au Caire et à Jérusalem  – correspondent au canon esthétique de l’orientalisme et ont durablement influencé la perception et l’imaginaire occidental au sujet du monde arabe. Le Moyen-Orient a aussi eu ses propres photographes et ses collectionneurs. C'est une partie de ces images qui est compilée, présentée et analysée dans Arab Imago par Stephen Sheehi.

L’ouvrage se focalise principalement sur des portraits faits par des photographes arabes et arméniens à la fin de l’Empire ottoman. Sheehi étudie et commente ces images de studios produites par les frères Abdullah, Pascal Sébah, Garabed Krikorian et Khalil Raad. Il témoigne aussi du travail d’autres pionniers tels que Georges et Louis Saboungi, les frères Kova, Muhammad Sadiq Bey et Ibrahim Rif'at Pasha. On y découvre, entre autres, les premières images documentaires d’un pèlerinage à la Mecque. Cette photographie indigène témoigne de la modernisation de la société arabe au tout début du XXe siècle. Dans son analyse, Sheehi apporte une nouvelle vision de l'histoire de la photographie dans le monde arabe, à contre-pied de celle produite jusqu'ici en Occident. Une démarche intéressante issue du milieu universitaire nord-américain qu'on aurait aimé voir naître à Beyrouth.



The Arab Imago. A Social History of Portrait Photography, 1860-1910 de Stephen Sheehi, 100 images, 7x10", Princeton University Press, 2016, 264 p.

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